Rose Pastel

Cataclysme

La monotonie de la vie me frappe à certains moments.
C’est le cas aujourd’hui, quand, pour la énième fois, je me déshabille dès que je rentre, que je mets mes vêtements à sécher sur le dos d’une chaise parce que j’ai encore trop transpiré, et que je m’installe sur mes chiottes.
Ces gestes quotidiens me font un bien fou et me détendent. Ils me donnent envie de rester chez moi tout le temps. De ne jamais sortir pour faire les courses, pour travailler, pour prendre la route. J’ai envie de m’installer sur mon canapé-lit de merde, devant un dessin animé, et de bouffer du chocolat et des biscuits jusqu’à la fin de mes jours.
Cette monotonie-là ne me dérange pas. C’est plutôt sortir qui me fait chier. Voir des gens, se faire aborder par des vendeuses qui veulent à tout prix te parler.
D’ailleurs, je viens juste de comprendre pourquoi les vendeuses ne veulent pas qu’on remette nous-même les vêtements en rayons. Parce que vis à vis des autres, c’est pas cool. Ça montre aux autres qu’on ne le veut pas, et quand on voit quelqu’un reposer quelque chose, en général, on ne s’y intéresse pas. C’est comme le mouvement de foule. Quand il y a du monde qqpart, on s’y intéresse, car si ça ameute autant de gens, c’est que ça doit être intéressant.
Voilà, ma petite minute de lucidité dans ce monde de fou.

J’ai l’impression que le monde part en couille, alors qu’il y a des années de ça, les gens le disaient déjà. Le monde part en couille depuis des décennies. Il ne fait que ça. Il empire. Ça me fait penser à Nicolas Hulot. Quand j’ai appris sur le net qu’il quittait les grands, j’ai pas relevé. C’est seulement la semaine dernière, quand Oliv m’a montré la vidéo de son interview à la radio, que là, j’ai compris. C’est fichu. On est totalement foutus. C’est mort. Ce monde est mort, et nous, on est pourris jusqu’à la moelle. Tout ça parce qu’on se croit plus intelligent que les animaux. Des fois, j’aimerais bien que la nature ou les animaux se réveillent et fassent leur révolution. Qu’ils montrent bien qu’on a dépassé les bornes. Qu’on crève tous, comme la pluie de météorites qui a décimé les dinosaures. J’attend un cataclysme. Bien-sûr, quand il sera là, j’aurai peur pour ma vie. Mais le monde sera enfin en paix. On est vraiment les pires animaux qui puisse exister.