Rose Pastel

Nouvelle identité

En ce moment, je pèle des doigts.
Dit comme ça, c’est pas glamour.
Je crois que c’est dû à mon dernier travail (manipuler les manuels, les cartons...) et peut-être aussi à cause de l’hiver qui s’installe, même s’il fait encore doux.
Et alors, en y regardant de plus près, mes bouts de doigts sont tous lisses. Ça me fait penser aux criminels qui plongent leurs mains dans l’acide pour enlever leur empreintes digitales (le truc qu’on voit que dans les films, car en vrai, je sais pas si c’est possible).
Et du coup, on dirait que je mue. Que je me refait une nouvelle identité. Je suis dans l’âge où je me lance dans la vie, dans le travail, dans l’amour, dans tout. Et récemment, j’avais envie de gros changement.

Voilà pourquoi, entre autres, je voulais rentrer dans le Nord sur un coup de tête. J’avais envie de prendre ma vie en main, de la changer moi-même une bonne fois pour toute, et pouvoir en être fière, sans plus attendre que mes parents le soient. Pour me faire plaisir à moi-même et non aux autres. Faire enfin de que je veux.
Mais j’ai renoncé, et je me suis sentie, encore maintenant, dans l’échec. Car je n’ai pas l’âme d’une aventurière, d’une voyageuse. D’une plaqueuse de tout. Je suis plutôt le genre qui abandonne à la moindre difficulté. Je ne suis pas persévérante. Super atouts, pour un entretien d’embauche, non ? Il va falloir que je sois assez motivée pour éviter de sortir ça au recruteur.

Oui, parce que je suis aussi plutôt honnête. Je dis des choses vraies, celles que je pense. Bien-sûr, je sais parfois quand il faut rester évasive, pour éviter de blesser. Mais sinon, le plus clair du temps, je sors ce qui me passe par la tête. Et pour moi, c’est pas grave, puisque c’est la vérité. Mais en fait, si. La vérité joue sur énormément de choses. Notamment lors d’un entretien d’embauche. Des amis m’ont dit récemment qu’il faut appuyer sur nos qualités, nos atouts, et quand on demande de préciser nos défauts, répondre par une qualité, genre : je suis perfectionniste.
D’ailleurs, je pense que je le suis. J’ai souvent envie de retoucher mes tableaux ou autres créations. Au moins, je n’aurai pas de mal à leur sortir ça, si c’est en partie la vérité. Mais j’ai vraiment du mal à mentir. J’ai pas été éduquée comme ça. Et quand je mens, j’ai l’impression que c’est écrit en gros sur mon visage et que je suis découverte.

Pour revenir au fait que je ne sois pas une aventurière, j’ai décidé d’opérer mes changements petits à petits. Comme, par exemple, postuler dans une ville dynamique dans le coin, mais pas aussi énorme que Paris. Ça me ferait bouger de mon petit coin perdu, certes, mais je ne serais pas à des lieues de là. Mais, si je bouge, il faut que ce soit pour un travail qui en vaille le coup. Comme mon but final est de travailler dans le graphisme, je postule donc pour des postes du style Opérateur PAO, infographiste, chargé de communication… En attendant d’avoir des réponses, je fais du travail alimentaire là où je suis. C’est quand même plus rassurant que de plonger tête baissée dans une ville où la vie coûte chère mais où t’es payé partout pareil. Et quand je serais arrivée à un stade où je sais ce que je veux, ce que je vaux, j’aurais assez de courage pour partir.
À moins que je me plaise ici.